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Acid test

Micou

Glandeuse pinéale
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26 Avr 2008
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La vie parisienne est parfois difficile à endosser, quand le plaisir de bousculer des gens dans le métro laisse place à un besoin intense de ralentir, de s'arrêter. J'ai donc profité d'un jour férié et de cours plutôt bien placés pour m'offrir une petite semaine de vacances, loin de la capitale, près de ma famille et de mes amis du Sud.
Un coup de téléphone à NeoNono, et l'affaire est dans le sac : nous décidons de nous rejoindre en voiture à Narbonne, aussi tôt que possible — on a la voiture maintenant, lui s'est acheté une petite Saxo vive et bien portante, moi conduis l'Audi de ma mère, lourde et large mais bien équipée.
On avait parlé, il y a peu, de prendre des acides ; ce rendez-vous serait une bonne occasion de s'en mettre sous la langue.

La seule expérience de prise de LSD que j'avais pu avoir jusqu'alors, n'en était pas vraiment une — j'ai pu rapidement le savoir. C'était il y a quelques années, Nono et un pote à nous avaient chopé des buvards qui hélas étaient éventés. J'en avais pris un demi ("pour voir") et avais ressenti des effets déjà extraordinaires : plein amour pour les sens, distorsions visuelles légères mais contrôlables, grande énergie, closed eyes fractals, etc. J'étais ressorti assez marqué de ce trip, inattendu et très étonnant, guidé en partie par le film Une nuit en enfer.
Je découvris plus tard que ce trip était effectivement dû au LSD, mais... à une très faible quantité certainement, vu la puissance du machin — j'imagine que je devais être en dessous de 20µg.

Bref, nous nous retrouvons en voiture à Narbonne et décidons d'aller voir ailleurs si nous y sommes. Hop hop, un coup de pédale et nous voici paumés à côté d'un petit village audois résidentiel, au milieu des vignes qui forment notre paysage campagnard languedocien. Nos deux voitures finissent côte à côte, au fond d'un petit champ laissé en jachère. Une trace de kétamine et un petit aller-retour à Narbonne plus tard, nous sommes en bonne condition pour se mettre chacun un carton et demi dans la bouche — plus tard, NeoNono estimera la dose à 80µg. La nuit est tombée. L'amertume de la molécule nous fait saliver.
Silence.

Je serai franchement incapable de restituer la chronologie de ce trip. Je serai tout aussi incapable d'en faire ressortir des grandes lignes directrices ou une sorte de trame de fond. Tout au plus pourrai-je essayer de décrire le bordel visuel, spirituel, synesthésique en général, qui n'a pas arrêté de m'assaillir pendant ce début de nuit.

Nous décidons de marcher vers le village, il n'est pas très loin. Arrivés là-bas, je commence à monter sévère. Le décor commence à danser, à se teinter d'une sorte de vie inquiétante, je dirais même d'une certaine autonomie qu'il n'est pas censé avoir ; d'ordinaire, il est fixe, attendu, répond à mes propres règles perceptives, m'obéit. Ce qui est de moins en moins le cas. Ce mini bus respire. Ce palmier est un oursin.
Les distorsions ne sont plus systématiques, comme le provoquent par exemple les 2C ; elles sont désormais issues d'un comportement plus profond, je dirais même plus sincère, en tous cas plus vivant, de la matière qui m'entoure. En fait, je découvrirai pendant le trip que l'acide provoque bien plus que des distorsions visuelles : ils les accompagne d'Imagination, avec un grand I.

NeoNono et moi passons devant une gigantesque épeire. Ce bestiau fait la taille d'un gros pouce, et vient de prendre un malin plaisir à tisser une toile en plein milieu du chemin, piège de plus d'1m² qui se dresse à notre hauteur. Ses trajets sur les fils sont vifs ; elle veut nous bouffer, c'est certain. Nous voyons l'horreur venir — un seul contact non désiré avec cette petite chose peut niquer un trip en moins de deux secondes, nous faire instantanément passer de l'émerveillement le plus total à la terreur la plus traumatisante. Nous nous jurons d'éviter ce chemin.

Nous voici sur le retour vers les voitures. c'est à partir de là, à peu près, que mon trip devient confus dans ma mémoire. Je peux simplement décrire quelques visuels qui m'ont particulièrement impressionné.
Un moment, nous passons devant une vigne. Je ne la vois pas comme tel. C'est simplement un immense tas de feuilles vertes sur fond noir, qui se recroquevillent à toute allure, jaunissent, deviennent monstrueusement piquantes autour de branches hélicoïdales, s'étendent à nouveau alors que la plante change de taille et de forme tous les dixièmes de secondes. Il n'existe, dans mon champ visuel, que cette plante dangereusement changeante et Nono, coloré, qui la touche ! IL LA TOUCHE ! Et me dit calmement :
"C'est une vigne, mec.
— Quoi ? C'est quoi ce truc ?
— Une vigne !"
Pendant ce temps-là, elle avait changé de forme des dizaines de fois, et s'était doucement figé en une gigantesque plante carnivore, chaque feuille arborant des dents blanches sur des gencives rouges sang, regardant NeoNono d'une façon presque enfantine, sympathique. Le décor, autour, réapparait. Il faut partir de là. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu toucher... saisir... ce truc. Nous marchons un peu sur de l'herbe qui saisit nos mollets en les entourant.
Bien d'autres choses se passent... je ne m'en souviens plus dans l'intégralité. Je sais juste que la trame des fractales qui arborent la moindre des surfaces prend forme, se dessine, en une tonne de motifs différents, parfois très sexuels, toujours drôles. Je vois, en surimpression sur le sol et les objets, une femme se faire franchement troncher par un diable, puis des dessins de mains géométriques, puis autre chose encore... Quand je pisse, c'est une flaque de sang immense qui se forme sous mes pieds.

Une petite ballade, guidée par NeoNono, nous fait franchir certaines limites de la frousse. Nous sommes entourés par une nature dangereuse, malfaisante, bien que, quelque part, sympathique. La vie tout autour a un pouvoir indéniable sur nous, nos perceptions, notre mort, notre sang, notre sexe. Mais nous continuons à avancer.

Nous revenons, et c'est Kraftwerk, dans la voiture, qui donne le ton. Le paysage autour de nous est tout simplement idyllique, profond, coloré, changeant... Le ciel est traversé de raies roses et bleues qui dansent au rythme de Autobahn. Des éclairs déchirent l'atmosphère, comme une sorte de cycle plasmique, de rééquilibrage des charges atmosphériques, de retour à la normale. Il y a un orage au loin. La musique vient de strictement partout. Quand nous coupons l'autoradio, c'est les sons de ce que je vois qui résonnent à plein volume dans mes oreilles, s'organisent en rythmes, en mélodies, en arpèges : mon environnement fait de la musique tout seul ! Et quelle musique...

Un bref moment, pendant le pic, je suis frappé par une déréalisation instantanée, très Salviaesque. Paf, la réalité qui m'entoure prend la forme de triangles qui se répètent, s'organisent autour d'un centre, et voilà que je me mets à tourner autour de ce centre, entre toutes les réalités — identiques mais toutes indépendantes. Honnêtement, pendant un moment, j'ai eu du mal à rentrer dans une de ces réalités, et j'ai eu tout autant de mal à rentrer dans la bonne. Je me suis forcé à ne pas me laisser aller dans cette déréalisation qui m'a paru un peu dangereuse ; oui, pour être honnête, j'ai eu peur d'y rester, perdu entre mon esprit et mes perceptions.

À la radio, nous écoutons des choses folles, dénuées de sens, mais aussi des musiques incroyables (on a pu découvrir, par hasard, le groupe Brandt Brauer Frick, franchement génial ce son).

La redescente est douce. Nous discutons de choses cyniques. C'est agréable. Nous évitons les pensées paranoïaques merdiques, avec succès la plupart du temps. La fumette n'a pas aidé de ce côté-là, je pense — en tous cas, le joint me rend de plus en plus parano, ce qui me fait l'apprécier de moins en moins... c'est dommage...

Avoir écrit tout ça m'a permis de me remémorer un peu mieux le trip, et, ça y est, je peux dégager une trame de fond évidente : l'horreur. Je me souviens d'avoir vu du sang partout, des femmes égorgées, une nature déchainée, des viols, des peurs. Je me souviens d'avoir adoré ça.

Le lendemain fut une journée cynique, où mes pensées vagabondaient dans une sorte de mélancolie très agréable, et un certain dégoût pour les mécanismes de notre monde. Quel bonheur ! J'ai pris du temps libre et agréable avec ma famille, notamment mes grands parents. J'ai pris le temps de les écouter, de les aider. J'étais heureux, patient et détendu. Ça faisait longtemps...

Merci NeoNono, pour ce trip qui m'a, une fois de plus, frappé psychologiquement avec une incroyable force. J'en ai encore la marque dans mon cerveau ; regarde :

lsdbrain.gif
 
D

Deleted-1

Invité
Puissant comme trip, mais 80 mics c'est pas trop peu pour un tel trip ? j'y comprend plus rien avec les dosages du LSD...

Sinon tu es une personne qui aime le gore ou les trucs un peu sale comme ça d'habitude ? C'est chelou de voir des trucs aussi trashs, il faisait un sale temps avec l'orage au loin ?
 

Micou

Glandeuse pinéale
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26 Avr 2008
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138
En général j'ai remarqué que j'étais plus sensible que mon entourage aux visus, et même aux effets des substances en général. Et puis j'ai la peau sur les os. Donc 80µg c'est peut-être peu — et ça reste, de toute façon, une évaluation — mais bon j'ai bien, bien trippé.
Pour les trucs trash, je sais pas, ça venait tout seul, et je l'accueillais bien. Pourtant, je suis pas du genre, d'ordinaire, à boire du sang de vierge dans des caves. J'ai peut-être une légère fascination envers tout ça, c'est tout. Sur le moment, ça m'a particulièrement plu, et puis c'était enrobé dans cette sorte d'humour acide propre au LSD ; tout était très insolite en fait.
 
D

Deleted-1

Invité
Micou a dit:
Pour les trucs trash, je sais pas, ça venait tout seul, et je l'accueillais bien. Pourtant, je suis pas du genre, d'ordinaire, à boire du sang de vierge dans des caves. J'ai peut-être une légère fascination envers tout ça, c'est tout. Sur le moment, ça m'a particulièrement plu, et puis c'était enrobé dans cette sorte d'humour acide propre au LSD ; tout était très insolite en fait.

Ouai je vois ce que tu veux dire, en mode "décalé", j'apprécie aussi :D
 
S

Styloplume

Invité
:shock:

Mec, quand j'avais des halus trash comme ça sous DXM (pas des distorsions, mais des CEV), c'était gérable mais pas vraiment agréable.

On dirait que toi cette promenade dans la nature malfaisante t'as fais du bien, comme si tu avais compris des trucs. C'est bien ça?

Grof dirait que tu étais dans la deuxième matrice périnatale, c'est à dire la matrice méchante. Et ça t'a plu, couah on a tous un comportement différent, vraiment.

Merci pour la contribution, ça me donne quelques trucs à cogiter, surtout sur le mode de fonctionnement du LSD, décidément assez sympa même dans ses aspects trash. Enfin, le setting un peu bizarre, mais le set était bon si je comprends bien. Ca a du jouer beaucoup.

80µg, ça me semble vraiment peu pour ça...
 

Micou

Glandeuse pinéale
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26 Avr 2008
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138
Ouais, je suis allé voir sur Erowid, effectivement ça devait largement dépasser les 80µg. NeoNono m'avait dit que ça devait être à peu près ça, mais il a confondu je pense. Enfin bref, c'était un carton et demi, mais je connais pas le dosage de ces buvards.
 

NeoNono

Holofractale de l'hypervérité
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4 Déc 2008
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Très bon TR. Encore une fois (c'est la deuxième fois que tu me fais cette surprise :)), c'est toujours agréable de voir un trip, auquel on a participé, déjà couché sur le papier (même si, évidemment, on a pas vécu exactement la même chose).

J'ai évalué le dosage avec l'échelle erowid mais aussi avec le document erowid qui cause des stats sur le dosage des acides dans la rue. Je penchais pour un trip à 80µg, mais c'est vrai que ça fait peu. Quand même ... On doit pas en être très très loin. Je pense qu'on devait plutôt tourner autour des 100-120µg. Je me voyais mal avec des acides à 100µg, c'est assez rare, c'est pour ça que j'ai pensé à du 60µg/hit mais on devait, en effet, être plus à 70-80µg/hit. En même temps ... Je sacralise, peut-être, un peu trop cette substance parce qu'en terme de "puissance", ça équivalait à un bon 20mg de 2C-E mais ... Bon, merde, c'est de l'acide, quoi. Et vu tout ce que j'en ai lu, j'ai l'impression que ce n'est que la face cachée de l'iceberg. Peut-être que les habitués pourront m'en dire plus ^^

Il faut aussi dire que je m'étais enfilé un peu d'acide quatre jours avant. Bouarf, peu importe. Quand j'aurais mon labo, je pourrais confirmer, ou pas mon hypothèse, ahaha.
 
D

Deleted-1

Invité
Styloplume a dit:
:shock:

Mec, quand j'avais des halus trash comme ça sous DXM (pas des distorsions, mais des CEV), c'était gérable mais pas vraiment agréable.

On dirait que toi cette promenade dans la nature malfaisante t'as fais du bien, comme si tu avais compris des trucs. C'est bien ça?

J'aime bien des fois quand ça part dans le trash, enfin pas hard core dégueu non plus, mais la drogue a orienté ma conscience dans un état "malsain", autour de moi les gens font des trucs sales, je fais des trucs sales, mais c'est l'ambiance qui est comme ça, donc ça passe, c'est comme être en phase quoi. Par contre un mec sobre qui déboulerait dans un tel délire ça serait choquant pour lui je pense...en mode UNDERGROUND !
 

Sludge

Holofractale de l'hypervérité
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17 Sept 2011
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16 405
Un trip du genre en pleine nature, le rêve... <3
Si je choppe des buvards (j'espère, j'espère), j'irai en forêt/campagne également pour profiter du calme.

Merci d'avoir partagé cette expérience avec nous.
 
D

Deleted-1

Invité
Euh la forêt c'est pas le top, enfin c'est sombre...vaut mieux avoir une vue dégagée et rien au dessus de là tête (bon après se retrouver en pleine nuit tripé face à une forêt bieeeeen sombre c'est pas tip top).
 

schtroumpfette

Psycho disparu·e
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11 Juin 2007
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La forêt, c'est bien pour tripper en journée.
 

Ubik012

Holofractale de l'hypervérité
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Oui en journée c'est absolument magnifique.. La Vie, de partout !
Mais même en journée, jpense que si pas ou mal accompagné, ça peut etre flippant.
De nuit n'en parlons pas, mais qu'est ce que j'aimerais essayer (hors teuf), ça doit être une expérience!
 

Cha(s)do

Holofractale de l'hypervérité
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24 Oct 2010
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Ubik012 a dit:
Oui en journée c'est absolument magnifique.. La Vie, de partout !
Mais même en journée, jpense que si pas ou mal accompagné, ça peut etre flippant.
De nuit n'en parlons pas, mais qu'est ce que j'aimerais essayer (hors teuf), ça doit être une expérience!

On en a parlé récemment dans je ne sais plus quel post:
Un bon compromis peut être, de nuit, une foret que l'on connaît bien...
Il y a pas la peur de l'inconnu, et donc pas la peur de se perdre...
C'est moins partir à l'aventure, mais c'est quand même une expérience très intéressante...
Testé sous champi, mais sous acid, pourquoi pas?
 

Micou

Glandeuse pinéale
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26 Avr 2008
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"la peur de se perdre"
Haha tellement vrai, pour moi en tous cas. Un moment NeoNono, dans le trip, m'a guidé dans la nature, j'avais la frousse qu'on retrouve plus notre camp... Je me sentais totalement paumé. Mais il a assuré et nous a ramenés saufs.
Mais bon c'est quand même chouette de se perdre un peu. Et puis ne pas connaître là où l'on va, c'est une sacrée expérience.
 
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