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[Kétamine] Du solide au liquide

Bonshitsamère

Elfe Mécanique
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17/3/20
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Bien que la lumière arrive à passer entre les feuilles des arbres géants qui sont mon toit, ma noirceur reste et me saisit. Je sais que je ne suis pas au bon endroit actuellement. J’ouvre les yeux, et la vue qui s’offre à moi me rappelle à mon origine. Je dois descendre de cet arbre.​

J’arrive tant bien que mal à avancer sur le tronc couché de ce mastodonte, encore frappé par la surprise postale fraîchement arrivée. A force d’effort je touche enfin terre. Mon périple ne fait pourtant que commencer. Je les entends lire une histoire a voix haute, allongés sur le sable. Pas la peine de m’arrêter pour tenter une communication, je suis et resterais seul dans cette exploration. Je veux que ça soit personnel et rien ne doit m’en empêcher, j’ai compris qui je suis, et que mon univers m’attend.

Je prends mon masque et mon tuba. Et je vais en direction de la mer. Je la vois, se jouer de moi en se rapprochant et s’éloignant. C’est ma destinée. Avancer sur le sable est une tache dure et complexe, mon corps n’est plus fait pour répondre à une stimulation si forte. Mes pieds s’enfoncent et je chute, une ou deux fois peut être.

Finalement, j’arrive enfin au niveau de l’eau. Ce contact me donne vie, une force abondante m’inonde et le reflux me montre le chemin. J’avance dans cette eau très basse, m’enfonçant dans la vase sablonneuse en sachant que dans quelques mètres je pourrais enfin m’allonger complètement et jouir de cette couverture aqueuse. Je regarde au loin, je vois la baie illuminée, le mont est cintré par des nuages aux augures joyeuses. J’ai envie de rugir et crier devant cette beauté sans nom.

Je m’étale. Certains diront que je suis tombé, j’ai plutôt envie de penser que la mer m’a adopté en son sein. Je le tète abondamment, tout en mettant mon tuba a la bouche. J’avance dans cette eau peu profonde, découvrant les plaines herbeuses et arides. Bientôt, je vais rencontrer la population locale, et cet échange me donne la force de continuer. Mes bras peinent à se mouvoir.

Bientôt, j’atteins les premiers coraux. Ils sont là depuis la nuit des temps, immuables créations à mi-chemin entre la monde animal et géologique. Les poissons sont en nombre ; certains sont en train de nager les uns après les autres, d’autres se laissent caresser par les anémones. Tous savent comme moi la raison de leur présence ici. J’arrive au tombant, le grand bleu se découvre à moi. Je le longe en regardant avec attention ce monde si délicat et vivant. A la dérive, je n’ai plus de raison. Je me contente d’être, de ressentir. Je ne sais plus trop si j’ai une réelle consistance physique tant ma flottaison est parfaite, naturelle. Ai-je une consistance, ou suis-je passé de l’autre côté de la caméra. Nombre de fois nous avions pris ces chemins ligneux en explorant les fonds marins, mais cette fois ci, j’y suis.

Je sais maintenant, je suis un plancton. Je n’ai pas de vocation si ce n’est celle de jouir totalement du privilège d’être animé par les vagues. Les poissons semblent vouloir me découvrir. Des bancs tournoient autour de ce qui semble être mon corps. Parfois j’ai l’impression qu’ils me goûtent, qu’ils m’arrachent cette enveloppe inutile faite de chaire.

Ce void dura une éternité, puis progressivement je prends conscience de là où je suis. Mes pieds touchent un corail, c’est l’heure de quitter cette mère pour retrouver la matérialité fracassante de la terre. Ils m’attendent, et j’appréhende l’idée de sociabiliser. Je regarde une dernière fois le ballottement des herbes par les vagues, et pose mes pieds au sol. Je me lève, et marche vers eux.
 
Tu peux officiellement te renommer Bonnekésamer.
Merci pour ce récit si beau.
 
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